l’appart

mon appart est le théâtre de mes ambitions
pitchées contre les murs
ma peau, ma chair, ma voix
bref, tout mon corps cruellement
dans l’intensité d’une idée
                              d’une sensation
                              d’un terme
se défait sur des post-its colorés
ça devient des aide-mémoires
quand j’ai le souffle court, je les lis
à voix haute, je me défigure
dans le rôle d’un grand auteur
lors d’une émission de culture française
pris dans une dégaine altière
fameusement pénible
d’un temps révolu
je parle de ce ton précieux et suffisant
dans le mauvais sens, je m’exerce
à m’exprimer, malgré moi
déchiré par l’afféterie

j’essaie juste de comprendre ce que je fais
en attendant, j’adopte d’autres postures
comme on dit cathartique
à la fin d’un show criant de clichés